"La culture c'est comme l'amour. Il faut y aller par petits coups au début pour bien en jouir plus tard." Pierre Desproges

mercredi 2 février 2011

Nike la pub?

                                                                     


Le géant Nike a depuis longtemps trouvé les ingrédients de la fabrication d'une bonne campagne de pub. En ce début 2011, en tant que nouveau sponsor officiel et pour le lancement du nouveau maillot de l'Équipe de France, ils ont encore frappé fort dans un spot réunissant inconnus et stars du ballon rond (à noter la présence d'une femme sur le terrain), et  en guise de bande sonore Oxmo Puccino, himself, déclame les vers d'Edmond Rostand sur une musique de Karl Jenkins  (Palladio) le tout arrosé d'un chèque à 5 zéros ou plus.

Il faut bien l'avouer, grand bien leur en a pris: le texte de Rostand se marie à merveille avec les images, c'est beau et grande est l'idée de réunir littérature et football, de marier un grand monument du patrimoine culturel  français (la figure de Cyrano de Bergerac) à un autre symbole de la France, son équipe nationale...Sauf, que le franc plaisir de découvrir la publicité a vite fait place à une interrogation: n'est-ce pas un peu bizarre d'utiliser le personnage de Cyrano et de l'allier à l'image de Nike?

Car Cyrano, héros romantique et image du rebel par excellence, personnifie  l'exacte contraire de ce que peut représenter une grande multinationale comme Nike (sans parler du foot-Zahia-buisness), Cyrano, c'est le refus des compromis et le défenseur des opprimés, l'ami des poètes et des marginaux, il se voulait lui-même exclu de tout système de domination, un héros anti "bling-bling" en somme, qu'il est difficile d'imaginer en Nike, presque tout autant que d'imaginer Lennon en Citroën, quant à son panache il y a bien longtemps qu'il a quitté notre patrie et ses citoyens.

                                                     "Que je pactise?
                                                      Jamais, jamais! -Ah te voilà, toi, la Sottise!
                                                     -Je sais bien qu'à la fin vous me mettrez à bas;
                                                      N'importe: je me bats! je me bats! je me bats!"

                                                      Cyrano de Bergerac, scène finale.




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